Une étoile pour papa.

15 ans aujourd’hui que mon papa est parti.

Ce sera le quinzième Noël sans lui. Un autre Noël qui arrive avec une petite ombre au dessus du sapin parce qu’il manque un peu de sa présence pour illuminer le Temps des Fêtes.

Tantôt, je cherchais une photo en noir et blanc de mon papa, avec moi qui étais assise sur ses genoux à boire un Coca Cola dans une petite bouteille de verre pendant un spectacle…que je l’aimais cette photo! Je me souviens encore de ce moment là…Je n’ai malheureusement pas retrouvé la photo.

Mes filles me voyaient chercher partout et m’ont demandée si j’ai encore de la peine la journée où mon père mort…

Alors je me suis demandée aussi… est-ce que c’est vraiment possible de ne plus avoir de peine?

Est-ce que les années qui passent la font disparaître cette peine?

Et ben non…

Le temps atténu la peine, l’éloigne un peu, en même temps que le temps éloigne le souvenir du son de sa voix et de la couleur de son regard…mais c’est toujours là. C’est toujours là, mais ça s’efface tranquillement….

La différence, c’est que plus le temps passe, moins c’est difficile d’en parler. Avant, j’avais pas juste une boule dans la gorge…mais toutes les boules du sapin au grand complet.

J’en parlais, mais pas trop, de peur de me souvenir de la douleur que ça faisait qu’il soit parti.

Maintenant, j’ai envie de mettre des petites lumières de Noël qui scintillent sur son histoire, sur mes souvenirs d’enfance de Noël. J’ai envie de ressortir les vieilles photos et de les montrer à mes filles qui n’ont pas eu la chance de le connaitre…parce qu’elles l’auraient aimé leur grand-papa avec ses histoires, son harmonica et sa guinbarde.

Donc non, je dirais que non, le temps n’efface pas la peine.

Mais le temps permet de comprendre que la seule façon d’enlever cette petite ombre au dessus du Temps des Fêtes, c’est d’illuminer les beaux souvenirs. De les faire briller toujours plus fort afin qu’ils ne s’éteignent jamais et qu’ils deviennent en fait, cette étoile si belle au bout du sapin…❤

____L’encre à la mère

Ce petit sac à deuils que l’on doit porter…

Dans la vie, il y a toutes sortes de tabous. La mort en est un. Un gros.

Dès la petite enfance, c’est un sujet qui nous fait peur. Les grandes personnes évitent d’en parler aux petits de peur qu’ils ne comprennent pas…alors qu’eux-mêmes ont bien de la difficulté à  l’accepter..

En fait, on agit comme si ça  n’existait pas...comme si le fait de ne pas en parler faisait en sorte que  ça n’existera pas. Jamais. On ne veut pas mourir. On ne veut pas voir les gens qu’on aime partir. Parce que la mort, c’est pas réel…c’est pas tangible. On ne veut pas y croire. Croire que ça peut arriver.

Jusqu’à ce que ça  nous frappe en pleine face. Je dis « frappe », parce que lorsqu’on perd pour la première fois une personne qui nous est chère,  c’est l’effet que ça fait. Un énorme coup de poing dans le coeur. 

J’ai perdu mon père il y a 9 ans. Le 14 decembre. Juste avant Noël. Une crise cardiaque foudroyante à 65 ans. La derniere fois que je l’ai vu, c’était  un mois plus tôt, lors de mon anniversaire. Il est décédé sans avoir le temps de dire au revoir à  personne. Et sans que personne n’ait le temps de lui dire adieu. 

Et c’est là que tu te rends compte que la mort, quand ça te touche de façon plus personnelle, c’est pas si irréel que ça  . Que oui, ça  peut arriver à  n’importe qui, n’importe quand. Comme ça ,  sans raison ni crier gare.

Et le pire dans tout ça, c’est que plus tu vieillis, plus tu réalises que tu perdras les gens que tu aimes. Et de plus en plus. Parce que la mort, aussi ridicule que ça  puisse paraître à dire,  ça  fait partie de la vie… c’est une petite étincelle de Big Bang qui s’éteint quelquepart dans l’univers . 

 Un petit souffle d’âme qui s’envole on ne sait trop où

C’est à  ce moment-là  que tu rassembles ta peine, tes regrets, tes « j’aurais donc dû… », ton amour et tes souvenirs pour cette personne qui t’as quittée et que tu  mets tout ça dans ton petit sac à deuils. Au début, tu le détestes ce petit sac de malheur. Tu le gardes toujours  bien fermé parce que l’ouvrir ferait trop mal. Tu le places sur ton épaule, comme un petit baluchon qui avec le temps deviendra toujours un peu plus lourd à porter.

Mais même si son poids te fait courber un peu l’échine, qu’il rend parfois tes pas un peu plus pénibles pour aller de l’avant, dis-toi que quand tu t’ennnuies,  t’as le droit d’arrêter sur le bord du chemin et l’ouvrir pour y regarder un peu…

Parce que dans l’fond, ce qui fait peur dans la mort, c’est que tout ce qui subsiste, ce sont les souvenirs dans le coeur de ceux qui restent. Et la mémoire étant une faculté qui oubli ,  on a peur d’oublier. Que les traits du visage s’effacent, que le timbre de la voix s’estompe…que le temps ne se souvienne plus et qu’ un jour on ne se rappelle plus de l’essentiel…

Mais malgré ce qu’on pourrait croire, malgré la peine que suscite un départ , la vie est drôlement bien  faite. Car non, on n’oubliera jamais. Parce que bien que la mort soit intangible et incompréhensible ,  ce qui fut jadis était bien réel .  Et le temps n’efface rien.

Le temps adoucit la peine et le petit sac à  deuil devient plus lourd…mais plus lourd de souvenirs heureux. 

Alors oui, tu as le droit, quand la nostalgie te tiraille le coeur ,  de l’ouvrir ton petit sac. D’y replonger un peu. 

Parce qu’avec le temps, même si parfois ça  peut être  long, ce qui se cache dedans, c’est de plus en plus beau.

 En tout cas, aujourd’hui, je regarde dans le mien et ça me fait du bien…❤

                                                                                                  __L’encre à la mère