Dans la vie, il y a toutes sortes de tabous. La mort en est un. Un gros.
Dès la petite enfance, c’est un sujet qui nous fait peur. Les grandes personnes évitent d’en parler aux petits de peur qu’ils ne comprennent pas…alors qu’eux-mêmes ont bien de la difficulté à l’accepter..
En fait, on agit comme si ça n’existait pas...comme si le fait de ne pas en parler faisait en sorte que ça n’existera pas. Jamais. On ne veut pas mourir. On ne veut pas voir les gens qu’on aime partir. Parce que la mort, c’est pas réel…c’est pas tangible. On ne veut pas y croire. Croire que ça peut arriver.
Jusqu’à ce que ça nous frappe en pleine face. Je dis « frappe », parce que lorsqu’on perd pour la première fois une personne qui nous est chère, c’est l’effet que ça fait. Un énorme coup de poing dans le coeur.
J’ai perdu mon père il y a 9 ans. Le 14 decembre. Juste avant Noël. Une crise cardiaque foudroyante à 65 ans. La derniere fois que je l’ai vu, c’était un mois plus tôt, lors de mon anniversaire. Il est décédé sans avoir le temps de dire au revoir à personne. Et sans que personne n’ait le temps de lui dire adieu.
Et c’est là que tu te rends compte que la mort, quand ça te touche de façon plus personnelle, c’est pas si irréel que ça . Que oui, ça peut arriver à n’importe qui, n’importe quand. Comme ça , sans raison ni crier gare.
Et le pire dans tout ça, c’est que plus tu vieillis, plus tu réalises que tu perdras les gens que tu aimes. Et de plus en plus. Parce que la mort, aussi ridicule que ça puisse paraître à dire, ça fait partie de la vie… c’est une petite étincelle de Big Bang qui s’éteint quelquepart dans l’univers .
Un petit souffle d’âme qui s’envole on ne sait trop où .
C’est à ce moment-là que tu rassembles ta peine, tes regrets, tes « j’aurais donc dû… », ton amour et tes souvenirs pour cette personne qui t’as quittée et que tu mets tout ça dans ton petit sac à deuils. Au début, tu le détestes ce petit sac de malheur. Tu le gardes toujours bien fermé parce que l’ouvrir ferait trop mal. Tu le places sur ton épaule, comme un petit baluchon qui avec le temps deviendra toujours un peu plus lourd à porter.
Mais même si son poids te fait courber un peu l’échine, qu’il rend parfois tes pas un peu plus pénibles pour aller de l’avant, dis-toi que quand tu t’ennnuies, t’as le droit d’arrêter sur le bord du chemin et l’ouvrir pour y regarder un peu…
Parce que dans l’fond, ce qui fait peur dans la mort, c’est que tout ce qui subsiste, ce sont les souvenirs dans le coeur de ceux qui restent. Et la mémoire étant une faculté qui oubli , on a peur d’oublier. Que les traits du visage s’effacent, que le timbre de la voix s’estompe…que le temps ne se souvienne plus et qu’ un jour on ne se rappelle plus de l’essentiel…
Mais malgré ce qu’on pourrait croire, malgré la peine que suscite un départ , la vie est drôlement bien faite. Car non, on n’oubliera jamais. Parce que bien que la mort soit intangible et incompréhensible , ce qui fut jadis était bien réel . Et le temps n’efface rien.
Le temps adoucit la peine et le petit sac à deuil devient plus lourd…mais plus lourd de souvenirs heureux.
Alors oui, tu as le droit, quand la nostalgie te tiraille le coeur , de l’ouvrir ton petit sac. D’y replonger un peu.
Parce qu’avec le temps, même si parfois ça peut être long, ce qui se cache dedans, c’est de plus en plus beau.
En tout cas, aujourd’hui, je regarde dans le mien et ça me fait du bien…❤
__L’encre à la mère