Température ressentie 42 °. Je décide de me mettre en maillot de bain pour profiter des jets d’eau avec les enfants. Comme je déteste les maillots une pièce qui collent sur la peau une fois mouillée, j’avais mis mon bikini. Ma plus petite passe à côté de moi et me dit à quel point elle le trouve beau ce costume là, que c’est son préféré. Elle en veut un pareil quand elle sera grande, pour être belle comme maman. Deux secondes plus tard, ma grande passe à côté de moi, me tape sur le ventre et me dit : « Grosse bedaine! » Me v’là l’égo redescendu dans les talons.
L’été dernier, j’étais au top de ma forme. Plus en shape à 32 ans que je ne l’avais jamais été dans toute ma vie. Je courais en moyenne 20 km par semaine, fais plusieurs course de 5 et 10km. Je me sentais vraiment bien dans mon corps de femme. Je ne le faisais pas pour la perte de poids , parce que j’en avais même pris. Dix lbs dans l’été, mais tout en muscle. Les cuisses dures comme de la roche, plus aucune cellulite, le ventre plat et les fesses rebondies. Mais outre l’apparence, je le faisais parce que sortir courir, c’était comme de m’accorder un moment pour moi toute seule. Pourtant, cette année, la motivation est moins présente pour diverses raisons. Entre autre à cause de douleurs aux tibias qui tardent à guérir, de manque de temps, et je dois l’avouer, j’ai un peu moins de plaisir en courant. Je ne sais pas pourquoi.
Donc veut veut pas, les fesses m’ont un peu rebaissées, mes cuisses sont moins fermes et le ventre moins plat. La gravité a bien fait sa job. Faque tout le long qu’on jouait dehors, je me tâtais la cellulite, me regardais le petit bedon un peu mou, pis je désespérais. Où est la femme début trentaine au max de sa forme comme de l’an passé ? Suis-je en train de me laisser aller et dépérir ? #mesensvieille
Quand on regarde les photos des filles sur instagram qui se font des booty selfie, qui sont toutes « cut », qui se nourrissent de shakes ou de quinoa, on se sent toujours un peu flasque, surtout après deux enfants. Mais bon, j’avoue, je suis aussi un peu du genre à faire des selfies (esprit de compétion oblige) les jours où je me trouve pas pire ,question de me remonter un peu l’égo. Pis sais-tu quoi? Je m’assume . Ben quoi, Jean-Pierre Ferland dit que c’est à trente ans que les femmes sont belles…j’en profite avant que ça passe.
Mais bon, hier, c’etait pas trop une de ces journées là. Donc, malgré la canicule, je me suis botté le derrière. J’ai mis mes running, du Pierre Lapointe full pin dans mes oreilles et je suis partie. Je ne misais pas sur ma vitesse ou ma performance comme j’ai trop souvent tendance à le faire dernièrement . J’ai gambadé dans les rues le coeur qui s’allégeait un peu à chaque pas. J’ai même essayé d’écrire mon nom (Jeanne) avec le GPS en courant, mais j’ai muffé mon « a » et mon premier « n ». Je promets de réussir un jour. Et j’ai atteint le 5 km que je m’étais fixé. Presque pas de douleur aux tibias et pas trop essoufflée. Et pour une fois, depuis bien longtemps, j’ai eu du plaisir en courant. J’avais oublié que ce qui me motivait au départ était la tape sur la bedaine que ma fille m’avait donnée.
Je suis revenue en sueur, dégueulasse et déshydratée. Crevée mais heureuse. Pis je me suis demandée pourquoi je m’etais laissée abattre par un simple petit commentaire sans méchanceté lancé par ma fille qui voulait juste rire. Pourquoi je me sentais laide, vieille et grosse…que je remettais ma vie en question? Pourquoi j’avais l’humeur en montagne russe étant donné que mon estime était maintenant revenu? J’veux bien croire que l’exercice fait du bien au moral, mais quand même…est-ce que je serais maniaco-dépressive sur les bords?
Pis là, j’ai tout compris. La réponse m’est venue comme une illumination. Parce que y’a juste une raison évidente qui te pousse à courir 5 km pis suer ta vie pour des raisons moyennes en pleine canicule…pis ca se résume en trois lettres…spm. Oups… #mauditeshormones
Je vais pouvoir remettre mon bikini…dans une semaine.
__L’encre à la mère.